Alain Policar
(...) Les libéraux, en effet, considèrent le moi comme préalable aux fins qu'il affirme, afin de préserver le droit de tout individu à renoncer à ses propres engagements. La relation entre le moi et ses fins est, en conséquence,
seulement déterminée par le choix que fait l'individu de celles-ci. Ce qui définit notre personnalité, ce ne sont pas les fins que nous nous choisissons mais notre capacité de les choisir. Les multiculturalistes, à l'opposé, décrivent un individu qui, tenant son identité de la communauté dans laquelle il a été socialisé, est le plus souvent incapable de s'arracher aux valeurs et au passé supposés le constituer. En conséquence, s'il est essentiel de partager des valeurs cqmmunes pour que puisse se construire l'identité, ces valeurs deviennent prioritaires par rapport aux droits individuels. Ces derniers ne sont plus fondateurs mais, au contraire, le résultat de toute une histoire. La citoyenneté est perçue comme appartenance à une communauté historique.
(...)
Si l'exigence d'universalisme suppose de ne pas nier le droit à la spécificité identitaire, elle ne peut cependant accepter la subordination des principes universels de justice au différentialisme culturel. Il est dans la nature du libéralisme, au nom de la présomption d'égale valeur des cultures, de permettre l'expression politique d'une grande diversité de celles-ci. Il est cependant incohérent d'exiger qu'au terme de l'examen nous conclussions à leur égale valeur, le libéralisme ne pouvant être confondu avec le relativisme culturel. Nous devons être attentifs à la mise en garde de Roger Kimball : « N'en déplaise aux multiculturalisr.es, le choix auquel nous devons faire face aujourd'hui n'est pas entre une culture occidentale "répressive" et un paradis multiculturel, mais entre la culture et la barbarie. La civilisation n'est pas un don du ciel, c'est une réalisation, une réalisation fragile qui a constamment besoin d'être consolidée et défendue contre les assaillants de l'intérieur comme de l'extérieur» (cité par Taylor in Multiculturalisme. Différence et démocratie, Aubier, p. 97).
Le multiculturalisme, tentative de penser la différence culturelle au sein des sociétés démocratiques, exprime une inquiétude justifiée devant le risque de délitement du lien social. Il reste que ses orientations théoriques, et tout particulièrement sa conception de la
construction identitaire, ne sauraient être acceptées, sauf à remettre profondément en cause l'autonomie individuelle, fondement de notre modernité.
26 décembre 2003
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Ce blog contient un recueil de textes (1) qui nous ont paru intéressants dans le cadre des réflexions sur la question "Europe et laïcité".
Ce recueil de textes sera enrichi au cours de nos travaux.
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(1) Messages dans le langage du blog
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vendredi 26 décembre 2003
lundi 23 juin 2003
Sous le foulard, l'intégrisme
Hanifa Cherifi
Médiatrice de l'EN
(...) « Au bout d'une observation de terrain de neuf ans, nous constatons que le voile amène les femmes à se référer , à un statut dicté par la religion et non par les lois j civiques. » Interviewée dans L'Humanité du 30 avril, à la question, «Quelles sont vos impressions sur les jeunes filles qui portent le voile?», elle répond: «J'ai en face de moi des jeunes filles sûres d'elles et nullement désorientées. Elles connaissent [...] par cœur l'avis du Conseil d'État [...]. J'ai découvert l'existence d'un véritable réseau de soutien à ces élèves, composé de juristes, d'étudiants, de prédicateurs organisés dans des associations islamiques connues, telles que l'UOIF (Union des organisations islamiques de France)... » Plus loin, elle dit: «Le voile est bien plus qu'une tenue vestimentaire. Il renvoie à une restriction de la mixité, de la liberté individuelle, et met à mal l'égalité des sexes. Il faut donc s'interroger sur la signification du voile avant de se demander si c'est le libre choix des femmes de le revêtir ou pas.» C'est exactement l'appréciation que portent la majorité des proviseurs, principaux et adjoints confrontés au phénomène ces dernières années. D'autres signes religieux ostentatoires font leur apparition et les demandes d'exercice de pratiques religieuses à l'intérieur de l'école se font de plus en plus pressantes (...).
Philippe Guittet (SNPDEN).
Médiatrice de l'EN
(...) « Au bout d'une observation de terrain de neuf ans, nous constatons que le voile amène les femmes à se référer , à un statut dicté par la religion et non par les lois j civiques. » Interviewée dans L'Humanité du 30 avril, à la question, «Quelles sont vos impressions sur les jeunes filles qui portent le voile?», elle répond: «J'ai en face de moi des jeunes filles sûres d'elles et nullement désorientées. Elles connaissent [...] par cœur l'avis du Conseil d'État [...]. J'ai découvert l'existence d'un véritable réseau de soutien à ces élèves, composé de juristes, d'étudiants, de prédicateurs organisés dans des associations islamiques connues, telles que l'UOIF (Union des organisations islamiques de France)... » Plus loin, elle dit: «Le voile est bien plus qu'une tenue vestimentaire. Il renvoie à une restriction de la mixité, de la liberté individuelle, et met à mal l'égalité des sexes. Il faut donc s'interroger sur la signification du voile avant de se demander si c'est le libre choix des femmes de le revêtir ou pas.» C'est exactement l'appréciation que portent la majorité des proviseurs, principaux et adjoints confrontés au phénomène ces dernières années. D'autres signes religieux ostentatoires font leur apparition et les demandes d'exercice de pratiques religieuses à l'intérieur de l'école se font de plus en plus pressantes (...).
Philippe Guittet (SNPDEN).
Libellés :
11 - France,
207 - Hanida Cherifi,
36 - Voile
mardi 6 mai 2003
Contre tout signe religieux à l'école
Catherine Kîntzler, Pierre-André Taguicff, Bernard Tepe, Michèle Tribalat *
Lorsque la première «affaire du voile islamique» a éclaté en 1989, les belles âmes ont prêché la tolérance: couvert par une aveugle bienveillance, le phénomène était voué il .s'éteindre de lui-même. Kt puis, pouvait-on imaginer une figure plus parfaite de la victime qu'une jeune fille voilée? Gomment la rigueur universaliste républicaine pouvait-elle oser s'en prendre a elle, fille d'immigré musulman, banlieusarde, asservie? La culpabilité post-colonialiste des beaux quartiers l'a ainsi laissée à sa condition d'intouchable; elle a consenti du même coup à exposer la musulmane non voilée à des persécutions bien réelles.
Loin de s'atténuer, le phénomène s'est au contraire développé. Encouragé par un laisser-fairc qui vaut cffectivement reconnaissance de l'obligation d'appartenance, il a déclenché une exaspération des antagonismes religieux exprimés il l'école publique.
Quand bien même le port du voile à l'école publique serait réductible à la manifestation d'une opinion religieuse issue d'un «choix personnel», il n'en serait pas moins condamnable - de même que le port de la croix ou de la kippa -, mais coût le monde peut constater qu'il excède largement ectte dimension. Brandi parfois comme signe politique (comme l'ont montré les récents événements au collège de Savigny-!e-Templc), il signe l'enfermement de la femme dans une communauté de repli. Sous prétexte de la « protéger • en la couvrant, il la dépouille de toute qualité en la réduisant à une particularité qu'elle n'a pas choisie: contrairement aux apparences, il s'agit bien d'une mise à nu, d'une dêpossession de soi.
Mais cet enfermement et cette dêpossession visent aussi bien les filles que les garçons. Ramenant les unes a la stricte condition d'épousables sur hori/on de mariages arrangés, interdisant aux uns de jeter les yeux sur elles, disant aux autres « elles vous sont réservées -, le port du voile disqualifie a priori tout rapport entre les sexes qui ne serait pas réductible à un pur échange social réglé autoritairement de l'extérieur; il annule toute prétention à la qualité personnelle et fait de la condition sociale le tout de la destination humaine. Il fait prévaloir l'emprise d'une appartenance culturelle exclusive, marque d'une identité collective dont le statut et le sens demeurent pour le moins ambigus (entre religieux et politique). Les partisans du voile font sonner bien fort leur attachement à la citoyenneté et à la liberté, mais c'est
pour mieux nier l'utilité d'une école républicaine mixte fondée sur le dépassement des données sociales par le développement acquis des talents personnels; ils savent s'appuyer sur les carénées de la législation actuelle pour mettre en échec la démarche courageuse d'enseignants, de chefs d'établissement ou de parents d'élèves qui entendent faire respecter ces principes dans leur établissement.
Opposés au port du voile islamique à l'école publique, nous avons longtemps hésité à réclamer une loi, pensant que ce serait trop que de légiférer sur une matière qui pouvait apparaître comme particulière. Il aurait en effet été suffisant de rester ferme sur les principes dès le début. Mais, nourrie par les illusions multiculturalistes, la tolérance funeste (installée notamment par la loi de 1989 et les arrêts du Conseil d'État) qui règne depuis trop longtemps sur ce point pose maintenant, à travers le statut des femmes et au-delà de lui, la question générale de la reconnaissance d'une obligation d'appartenance. Le principe est que l'école doit Être soustraite à la pression de tout groupe politico-religieux quel qu'il soit. Il est grand temps de songer à assurer la liberté de conscience aussi pour ceux qui ne souhaitent afficher aucune "identité- particulière. La conviction religieuse, puisqu'elle est de l'ordre de la liberté, ne peut pas se manifester comme un absolu (ou une norme non négociable) a l'école publique- lieu décisif où la liberté du citoyen se forme -, a fortiori elle ne peut certainement pas s'y signaler par une mainmise sur une portion de la population au nom de rôles sexuels autoritairement réglés. Interdire par la loi tout signe religieux à l'école publique et tout signe de discrimination, c'est clairemcnc signifier que personne n'est tenu de se définir a priori par une appartenance.
6 mai 2003
Catherine Kintzler est professeur de philosophie a l'université Lille III; Pierre-André Taguieff philosophe, directeur de recherche au CNRS; Bernard Tepe, président de l'union des familles laïques (Ufal}; Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined).
Lorsque la première «affaire du voile islamique» a éclaté en 1989, les belles âmes ont prêché la tolérance: couvert par une aveugle bienveillance, le phénomène était voué il .s'éteindre de lui-même. Kt puis, pouvait-on imaginer une figure plus parfaite de la victime qu'une jeune fille voilée? Gomment la rigueur universaliste républicaine pouvait-elle oser s'en prendre a elle, fille d'immigré musulman, banlieusarde, asservie? La culpabilité post-colonialiste des beaux quartiers l'a ainsi laissée à sa condition d'intouchable; elle a consenti du même coup à exposer la musulmane non voilée à des persécutions bien réelles.
Loin de s'atténuer, le phénomène s'est au contraire développé. Encouragé par un laisser-fairc qui vaut cffectivement reconnaissance de l'obligation d'appartenance, il a déclenché une exaspération des antagonismes religieux exprimés il l'école publique.
Quand bien même le port du voile à l'école publique serait réductible à la manifestation d'une opinion religieuse issue d'un «choix personnel», il n'en serait pas moins condamnable - de même que le port de la croix ou de la kippa -, mais coût le monde peut constater qu'il excède largement ectte dimension. Brandi parfois comme signe politique (comme l'ont montré les récents événements au collège de Savigny-!e-Templc), il signe l'enfermement de la femme dans une communauté de repli. Sous prétexte de la « protéger • en la couvrant, il la dépouille de toute qualité en la réduisant à une particularité qu'elle n'a pas choisie: contrairement aux apparences, il s'agit bien d'une mise à nu, d'une dêpossession de soi.
Mais cet enfermement et cette dêpossession visent aussi bien les filles que les garçons. Ramenant les unes a la stricte condition d'épousables sur hori/on de mariages arrangés, interdisant aux uns de jeter les yeux sur elles, disant aux autres « elles vous sont réservées -, le port du voile disqualifie a priori tout rapport entre les sexes qui ne serait pas réductible à un pur échange social réglé autoritairement de l'extérieur; il annule toute prétention à la qualité personnelle et fait de la condition sociale le tout de la destination humaine. Il fait prévaloir l'emprise d'une appartenance culturelle exclusive, marque d'une identité collective dont le statut et le sens demeurent pour le moins ambigus (entre religieux et politique). Les partisans du voile font sonner bien fort leur attachement à la citoyenneté et à la liberté, mais c'est
pour mieux nier l'utilité d'une école républicaine mixte fondée sur le dépassement des données sociales par le développement acquis des talents personnels; ils savent s'appuyer sur les carénées de la législation actuelle pour mettre en échec la démarche courageuse d'enseignants, de chefs d'établissement ou de parents d'élèves qui entendent faire respecter ces principes dans leur établissement.
Opposés au port du voile islamique à l'école publique, nous avons longtemps hésité à réclamer une loi, pensant que ce serait trop que de légiférer sur une matière qui pouvait apparaître comme particulière. Il aurait en effet été suffisant de rester ferme sur les principes dès le début. Mais, nourrie par les illusions multiculturalistes, la tolérance funeste (installée notamment par la loi de 1989 et les arrêts du Conseil d'État) qui règne depuis trop longtemps sur ce point pose maintenant, à travers le statut des femmes et au-delà de lui, la question générale de la reconnaissance d'une obligation d'appartenance. Le principe est que l'école doit Être soustraite à la pression de tout groupe politico-religieux quel qu'il soit. Il est grand temps de songer à assurer la liberté de conscience aussi pour ceux qui ne souhaitent afficher aucune "identité- particulière. La conviction religieuse, puisqu'elle est de l'ordre de la liberté, ne peut pas se manifester comme un absolu (ou une norme non négociable) a l'école publique- lieu décisif où la liberté du citoyen se forme -, a fortiori elle ne peut certainement pas s'y signaler par une mainmise sur une portion de la population au nom de rôles sexuels autoritairement réglés. Interdire par la loi tout signe religieux à l'école publique et tout signe de discrimination, c'est clairemcnc signifier que personne n'est tenu de se définir a priori par une appartenance.
6 mai 2003
Catherine Kintzler est professeur de philosophie a l'université Lille III; Pierre-André Taguieff philosophe, directeur de recherche au CNRS; Bernard Tepe, président de l'union des familles laïques (Ufal}; Michèle Tribalat, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined).
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36 - Voile
mercredi 1 janvier 2003
Fillettes en pays musulman
Ce qui est considéré, aujourd'hui, dans les pays démocratiques, comme de la pédophilie, non seulement n'est pas considéré comme de la pédophilie dans tous les pays musulmans mais est institutionnalisé. Les mariages des filles de 14 13, 12, 9, 7 ans avec des messieurs vieillissants ou d'un certain âge, sont des faits irréfutables dans tous les pays musulmans. i Et il faut savoir aussi que quand on voile une fillette dans une famille, on inculque du coup à ' ses frères que le sort de sa sœur, de ses sœurs, relève de sa responsabilité, que sa sœur, c'est son honneur sexuel : qui osera approcher la fillette, la jeune adolescente, aura affaire avec les frères. On est en train de lui enlever très tôt tous ses droits à devenir une adolescente heureuse, une femme libre, libérée des droits que s'arrogent sur elle ses frères, son père, tout homme qu'on lui imposerait et dont elle ne voudrait pas.
Voiler une fillette doit être considéré comme une maltraitance psychique, physique, sociale, et sexuelle, inadmissible en démocratie.
Chahdortt Djavann, écrivaine iranienne, témoignant devant la Commission Stasi. 2003
Voiler une fillette doit être considéré comme une maltraitance psychique, physique, sociale, et sexuelle, inadmissible en démocratie.
Chahdortt Djavann, écrivaine iranienne, témoignant devant la Commission Stasi. 2003
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