Bienvenue sur ce blog

Ce blog contient un recueil de textes (1) qui nous ont paru intéressants dans le cadre des réflexions sur la question "Europe et laïcité".
Ce recueil de textes sera enrichi au cours de nos travaux.
N'hésitez pas à insérer des commentaires à la suite de chaque message.
Pour être informés en temps réel de toutes les mises à jour, inscrivez vous comme "abonné fidèle".

(1) Messages dans le langage du blog

vendredi 31 mai 2002

Le Bouddhisme

Sylvaine Guinle-Lorinet
"Vers une France sans Dieu"

(...) Témoignage d'un Français attiré par le bouddhisme
« Ce qui m'a beaucoup plu dans le bouddhisme, c'est cette approche rationnelle et en même temps ce côté magique. Le défaut de l'approche scientifique, surtout aujourd'hui, c'est qu'on est tombé dans l'extrême, ce qu'on appelle le scientisme, le matérialisme radical. C'est un danger. Si la vision scientifique était une bonne chose au départ - elle a repoussé les dogmes religieux de l'Église catholique -, on est allé trop loin dans le matérialisme et une vision réductionniste du réel. Le bouddhisme a un point de vue très logique, tout à fait scientifique, mais il ne se botne pas à ça. 11 y a en effet dans le bouddhisme une dimension qui dépasse l'en­tendement rationnel, le monde du concept. Quand un grand maître [...] fait des miracles - et ils en font, j'en ai vu -, ça dépasse l'entendement. Il y a un côté magique qu'on ne rencontre nulle part ailleurs. [...] Un des enseignements du Bouddha consiste à recommander de ne pas respecter son enseignement parce qu'il est le Bouddha, mais de le comprendre par soi-même. C'est très important. Le bouddhisme n'est pas une religion dog­matique. Le bouddhisme est à la fois une religion, une philosophie, une psychologie, une spiritualité ; c'est un ensemble, c'est la science de l'esprit. »
(Témoignage de Christophe, in F. Lenoir, Lt Bouddhisme en France, Fayard, 1999.)

Frédéric Lenoir émet « l'hypothèse que le bouddhisme tibétain attire tout particulièrement des Occidentaux en quête d'une expérience typiquement religieuse impliquant la foi, l'émotion, le sacré, le sym­bole, le rituel, le mythe - mais qui ont besoin du discours rationnel et moderne du bouddhisme pour les aider à revenir à la religion [...].
On peut d'ailleurs se demander si cette impossibilité de définir le bouddhisme comme religion selon les critères substantiels habituels, alors qu'il en revêt maints caractères, ne constitue pas un des motifs importants de l'attraction qu'il exerce sur des Occidentaux qui ne veulent plus entendre parler de religion, mais dont la demande religieuse est toujours aussi pressante ». Enfin, il faut bien dire que la plupart des Français qui pratiquent le font dans la perspective d'un développement personnel et non de l'abandon de l'ego, qui est pour­tant son but ultime. Ils lisent donc les croyances bouddhistes à travers le prisme de l'individualisme moderne, comme le montre la foi en la réincarnation (à peine un tiers des Français les plus engagés souhaitent véritablement se libérer du cycle des renaissances). (...)
Le foisonnement du religieux : un problème pour l'État
En instaurant la loi de 1901 et les lois ultérieures, de 1905 et de 1907, les pouvoirs publics entendaient réguler, encadrer la pra­tique des Églises existant à cette époque. Aujourd'hui, face au foisonnement du religieux, quelles réponses l'État peut-il apporter ? La République, laïque, voudrait bien pouvoir distinguer la « bonne » religion de la « mauvaise »... mais cela est impossible. La séparation de l'Église et de l'État entraîne en effet la neutralité de ce dernier à l'égard des religions, ainsi que l'égalité entre elles. En même temps, les pouvoirs publics doivent se préoccuper des objectifs poursuivis par les associations de croyants (1901) lorsqu'elles désirent être reconnues comme associations cultuelles (1905) et sollicitent de ce fait une capacité juridique plus étendue qu'auparavant. Le droit français peut donc définir si un groupe est religieux ou pas, en prenant en compte deux critères : l'existence d'une communauté de fidèles et le partage d'une foi commune. Si un groupe réunit ces deux composantes, le culte qu'il représente doit être traité à égalité avec les autres. C'est la raison pour laquelle la cour d'appel de Lyon a rendu le 28 juillet 1997 un arrêt selon lequel l'Église de scientologie peut
revendiquer le titre de religion et développer ses activités dans le cadre des lois établies. En revanche, le droit ne peut différencier — comme semblerait le souhaiter la société civile - la « bonne » religion de la « mauvaise » ; autrement dit, il ne peut évaluer les croyances des mouvements religieux. La société civile, quant à elle, ne se prive pas de les classer en deux camps : elle jette l'anathème sur certains en les désignant comme sectes, tandis qu'elle en accepte d'autres. Les déci­sions du Conseil d'État lui-même, qui accorde ou refuse aux groupes qui en font la demande la qualité d'associations cultuelles, semblent parfois refléter cette approche. (...)
Conclusion du rapport Gest-Guyard
« [...1 Les adeptes, en nombre croissant, s'engagent souvent totalement, jusqu'à perdre une partie de leur identité. Et c'est là que le risque de dévia­tion devient grave, quand l'engagement et la confiance absolue conduisent à ne pas se soigner, à couper les liens avec la famille, à donner tout l'argent dont on dispose. L'intervention des pouvoirs publics s'impose quand l'en­gagement conduit à une dépendance psychologique qu'exploitent des dirigeants à leur propre profit.
« Les décisions judiciaires rendues ces dernières années montrent bien que nombre d'entre eux se rendent coupables de délits, pouvant aller de la tromperie ou de la fraude aux mauvais traitements, aux coups et blessures et à la séquestration.
«. De surcroît, les informations fournies à la Commission et les témoignages qu'elle a reçus ne laissent pas de doute sur le (ait que les affaires révélées par la justice ne rendent compte que d'une partie des dangers que font courir les sectes, qui sont en fait à la fois plus nombreux, plus étendus et plus graves. « L'État ne peut, à l'évidence, laisser se développer en son sein ce qui, à beau­coup d'égards, s'apparente à un véritable fléau. Rester passif serait en effet, non seulement irresponsable à l'égard des personnes touchées ou susceptibles de l'être, mais dangereux pour les principes démocratiques sur lesquels est fondée notre République. [...]»
(Les Sectes en France, rapport parlementaire, Éditions Patrick Banon, 1996.)

Rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS)
En 1998, une Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS) est créée qui, comme son nom l'indique, doit conseiller le gouvernement dans ce domaine ; elle rend compte de ses travaux le 7 février 2000. Danièle Hervieu-Léger souligne que ce rapport « s'efforce de découpler la question de l'organisation sectaire (avec tous les risques qu'elle comporte pour la société et pour les individus) et celle de la qualification religieuse des groupes. Le problème n'est plus de localiser et de désigner les groupes religieux nocifs, mais de caractériser une forme d'association qui entre en contradiction avec les normes et les valeurs d'une société démocratique ». (...)

Aucun commentaire: